Rencontre avec la métropole de Lyon le 24 mai 2024
Suite à la mobilisation massive du dimanche 28 avril, nous avons sollicité un rendez-vous avec Monsieur Kohlhaas, vice-président de la métropole en charge du projet. Nous l’avons rencontré ce vendredi 24 mai 2024 accompagnés des collectifs Passez votre chemin, et Santé la Bussière. Les forains du marché auraient dû se joindre à nous mais leur représentant n’a pas pu se libérer sur le créneau proposé par la métropole.
En introduction, nous avons fait part à la métropole de la présence de 250 personnes mobilisées en date du 28 avril, chose à laquelle Monsieur Kholhaas a répondu qu’on ne pouvait pas être 250 dans une salle qui ne peut en contenir que 150, en contestant également la fiabilité des registres signés ce jour-là. Pourtant, le nombre de personnes a été estimé par une journaliste du progrès, totalement neutre vis-à-vis du projet, plus de 180 personnes ont signés les registres, avec parfois une seule signature par foyer et les membres des collectifs ne se sont pas inscrits sur ces listes non plus. Ce chiffre est donc difficilement contestable.
Ensuite, nous avons rappelé que la base des revendications de certains habitants serait un report de circulation de 4000 véhicules sur les rues Pasteur, Sarrazine et Buisset suite à la fermeture des rues Victor Hugo, République et Voltaire. Les éléments de comptage recueillis depuis 2021 ne permettent pas de conclure au report de 4000 véhicules comme mentionné sachant qu’aucun comptage n’atteint ce chiffre.
Nous avons tout de même interrogé Monsieur Kohlhaas sur un élément de fait : comment le fait de couper la circulation entre la rue Pasteur et la Grande rue peut augmenter le trafic de transit en provenance de la Grande rue sur la rue Pasteur ? D’après Monsieur Kohlhaas, les automobilistes contourneraient la Grande rue via la rue de la Camille, puis emprunteraient les rues du Buisset, de la Sarrazine et arriveraient sur la rue Pasteur. Ce n’est donc pas la totalité de la rue Pasteur ni la totalité de la rue du Buisset qui subit des nuisances. Pourtant, pour des nuisances sur le haut de la rue de Buisset, c’est le bas qui est mis en sens interdit.
Le projet des nouveaux sens de circulation est donc basé sur des éléments faux et farfelus. Les indications de comptage de janvier 2024, enfin reçus de la part de la Métropole par le collectif Passez votre chemin, démontrent qu’il y a moins de circulation sur la rue Pasteur que sur le chemin des Célestins ou sur les rues du Buisset, Charles Fourrier. La circulation est équivalente entre la rue Pasteur et la rue Claude Michel.
Le chemin des Célestins qui supporte déjà en moyenne 300 voitures de plus par jour ouvré que la rue Pasteur, doit également absorber le report du flux de véhicules du quartier. Donc, 1200 voitures par jour sur la rue Pasteur et 2000 voitures par jour pour la rue du Buisset, ce n’est pas tolérable, mais 3000 voitures sur le chemin des Célestins le serait…
Rappelons que le boulevard Émile Zola, qui doit être traversé par tous les automobilistes se reportant sur le chemin des Célestins, supportait déjà le passage de plus de 5000 véhicules par jour avant travaux.
Quant à la rue Pasteur, on enregistrait déjà 850 passages de véhicule en moins chaque jour depuis l’arrivée du métro. Alors pourquoi la mise en place de ces plans était-elle une urgence ?
Monsieur Kohlhaas indique que les rues Buisset et Pasteur étaient devenues invivables. Les chiffres fournis par la métropole sur la circulation en janvier 2024 (avant travaux) font état de :
- 205 voitures sur la rue du Buisset en moyenne durant l’heure de pointe du matin et 176 le soir,
- 95 voitures sur la rue Pasteur le matin et 118 le soir,
soit une moyenne d’à peine plus de 3 voitures par minute sur la rue du Buisset et de moins de 2 voitures par minutes sur la rue Pasteur, qui généralement se suivent du fait de la régulation des feux tricolores.
Les membres du collectif Passez votre chemin ont souligné à juste titre que la circulation était déjà plus dense sur le chemin des Célestins que sur la rue Pasteur, et qu’elle a augmenté de 73% depuis le début de l’expérimentation selon leurs comptages personnels. Monsieur Kohlhaas propose de réfléchir à une solution pour le chemin des Célestins.
Toutefois, nous ne souhaitons pas du bricolage sur une solution déjà bricolée. Le bienfondé du projet n’est aucunement justifié et les flux étaient équilibrés entre les différentes rues en tenant compte de leurs configurations.
Nous souhaitons donc une remise à plat du projet avec une vraie concertation contradictoire des habitants pour établir des plans justes pour l’ensemble des riverains et usagers du quartier.
Au cours de la discussion, nous avons également abordé le fait que certains usagers ont besoin de leur voiture. Monsieur Kohlhaas reconnait que 30% des utilisateurs ne peuvent pas faire autrement.
LES AMENAGEMENTS DE LA BUSSIERE NE SONT PAS UNE EXPERIMENTATION
Le vice-Président de la métropole, Monsieur Kohlhaas, nous a indiqué qu’il n’y a pas de retour en arrière possible.
« On ne reviendra pas en arrière ! »
Jean-Charles Kohlhaas, vice-président de la métropole en charge des déplacements – 24 mai 2024
Selon lui, cette demande d’apaisement répond à la demande des habitants et elle est déconnectée du projet de la VL6. Cela signifie que même en cas d’abandon du projet de VL6, le quartier de la Bussière restera tel qu’il est aujourd’hui.
Nous avons demandé en quoi la demande d’un collectif d’habitants ayant réussi à ne rassembler que 78 personnes en quatre ans, dont toutes ne sont pas d’accord avec le projet, serait plus légitime que celle des autres habitants du quartier ou des alentours ? A cela, Monsieur Kohlhaas défend le collectif historique de la Bussière (collectif des rues Buisset, Pasteur, Sarrazine) en répondant qu’ils sont plus représentatifs du quartier que nous parce qu’ils existent depuis longtemps. Il ajoute que si nous fournissons une liste de personnes soutenant nos idées, ils fourniront une liste plus conséquente. Comment peut-il assurer cela ?
LA QUESTION DE LA SECURITE
Nous avons soulevé une problématique importante. Les plans actuels ne prévoient que trois passages possibles pour passer de la rue Francisque Jomard au boulevard Emile Zola :
- Un passage par la rue Lafayette qui ne laisse comme possibilité que celle de longer l’école Jules Ferry
- Un passage par la rue Eugène Vial ou par le chemin des Célestins qui débouchent toutes deux sur une zone de mouvement de terrain à risque d’effondrement car non stable.

A ces questions, Monsieur Kohlhaas répond qu’il n’y a pas de solution optimale. Nous évoquons tout de même que celles retenues nous semblent les pires et que nul confort ne justifie la mise en danger d’autres riverains ou le sacrifice de l’école. Car, si le trafic est pour le moment maitrisé sur cette zone (hors bas des Célestins tout de même !), nous ne devons pas oublier que d’ici septembre, la Grande rue d’Oullins passera en sens unique.
D’après les éléments de comptage de janvier 2024 transmis par la métropole de Lyon, en tenant compte de l’objectif d’une réduction de 25% du trafic sur Oullins, nous estimons que 4000 véhicules continueront de traverser Oullins et devront passer soit par les rues du Perron et rue Diderot, soit par le quartier de la Bussière. Or, 4000 véhicules ajoutés à ceux d’aujourd’hui représentent un trafic monstrueux pour ces zones sensibles. Monsieur Kohlhaas conteste notre interprétation des flux de véhicules en nous assurant que ceux-ci ne passeront pas par la Bussière, sans ne donner aucun élément le justifiant. Si ces véhicules arrivent chez nous, que se passera-t-il ?
Concernant la présence d’une zone de mouvement de terrain, Monsieur Kohlhaas affirme en avoir été informé il y a à peine quelques semaines. Il refuse de faire des études sur la stabilité des sols en indiquant que, « de toute évidence, un terrain instable il y a trois ans le sera toujours aujourd’hui ». Il est tout de même très surprenant que les ingénieurs qui ont pensé ces plans ne se soient pas renseignés sur les contraintes techniques du terrain.
LA QUESTION DE L’ECOLE JULES FERRY
Monsieur Kohlhaas indique que les représentants des parents d’élèves de l’école Jules Ferry ont été sollicité sur le projet et qu’ils approuvent ces plans. Cette information est confirmée par un mail envoyé aux parents d’élèves de l’école via leurs représentants.
Toutefois, il s’avère que les représentants interrogés sur le sujet sont également des membres actifs du collectif des riverains de la Bussière, ayant des intérêts personnels dans le dossier. Ce sont même eux qui ont demandé la mise en place de ces nouveaux sens de circulation. Du fait d’un manque d’impartialité évident de ces représentants, sachant qu’eux-mêmes n’ont pas fait de sondage pour connaitre l’avis général au sein de l’école, nous avons demandé à ce que l’ensemble des parents d’élèves de l’école soient consultés par la métropole. Monsieur Kohlhaas s’est engagé à le faire. A voir si cet engagement sera tenu.
Concernant les poids lourds qui passent le long de l’école, et qui parfois se retrouvent bloquer sans pouvoir tourner en raison de l’étroitesse de la rue Berthelot, Monsieur Kohlhaas répond que ça n’arrive pas tous les jours et que cela ne constitue pas un danger pour les enfants.

LE PROBLEME DE LA RUE LAFAYETTE
Aujourd’hui, une part importante du trafic descendant des rues Buisset et Pasteur s’est reporté sur la rue Lafayette. Or, il n’y a pas eu de comptage sur la rue Lafayette en janvier 2024, avant travaux, ce qui est très surprenant. Etant la seule rue restante au milieu du quartier pour y pénétrer, il nous semblait primordial de pouvoir mesurer l’évolution du trafic sur cette rue.
Dans tous les cas, si on considère que 2000 véhicules par jour sur la rue du Buisset et 1200 sur la rue Pasteur ne sont pas tolérables, il semble évident que ça ne le serait pas plus sur la rue Lafayette. Nous avons donc demandé à ce que la rue Lafayette soit incluse dans les prochains comptages, en espérant être entendus. A ce jour, cette rue ne fait toujours pas l’objet de comptages. L’ensemble des indications de comptage du quartier sont de ce fait biaisées puisqu’on ne peut pas mesurer le report de véhicules sur les autres rues, et donc la réduction effective du nombre de voitures dans le quartier. La réduction du nombre de véhicules dans le quartier ne pourra donc jamais faire l’objet d’aucune évaluation. Ainsi, on ne pourra jamais conclure sur l’efficacité ou non de ces nouveaux sens de circulation.
Concernant l’augmentation de trafic sur cette rue, Monsieur Kohlhaas propose de la fermer également, en réfléchissant à une solution pour éviter le report sur le chemin des Célestins. Est-ce techniquement possible ?
LA QUESTION DES INFIRMIERES
La question des professionnels de santé a été très vite balayé. Lorsque Marie-Ange du collectif Santé la Bussière a évoqué les difficultés des professionnels de santé, Monsieur Kohlhaas a répondu qu’il a été infirmier libéral pendant 30 ans, et qu’il ne comprend pas que les infirmiers utilisent la voiture sur la Bussière en les incitant à effectuer leurs tournées à pied ou en vélo.
LES COMPTAGES DE VEHICULES
C’est un sujet très complexe qui sera traité dans un autre article.
Nous avons relevé un certains nombre d’anomalies qui selon nous biaisent le projet. Pour résumer, Monsieur Kohlhaas n’est pas d’accord avec notre interprétation des chiffres.
LA QUESTION DE LA CONCERTATION
La concertation de la métropole sur le projet de la Bussière a eu lieu dans le cadre du projet de la VL6 sur Oullins pour laquelle la métropole de Lyon a enregistré 1096 participants. Toutefois, parmi ces participants, il est absolument impossible de savoir combien d’habitants de la Bussière se sont exprimés, la métropole n’aurait pas cette donnée. De la part d’un organisme qui conteste la fiabilité de tous les chiffres qu’on lui expose, c’est tout de même regrettable de ne pas pouvoir faire preuve de transparence en justifiant l’origine de ces participations.
Par ailleurs, il a été dit clairement durant cette réunion que ce projet était issu d’une demande des habitants et étaient déconnecté du projet de la VL sur la Grande rue. Même en cas d’abandon de la grande rue à sens unique, la Bussière restera telle qu’elle est aujourd’hui. Alors pourquoi une seule concertation pour deux projets distincts ?
C’est la raison pour laquelle notre position reste claire : nous souhaitons tout remettre à zéro et relancer une consultation spécifique à ce projet, ce que la métropole refuse formellement à ce jour.
Nous continuerons à nous mobiliser pour défendre l’intérêt général.